The Plastic Revolution - Compte rendu de la table ronde
Afin d'animer cette inauguration, une table ronde a suivi la présentation de l'exposition.
La pollution plastique est au centre de toutes les attentions ces dernières années. De nombreuses études nous alarment sur notre consommation mondiale de plastique, transformant les mers et océans en décharge publique, créant de nouveaux continents constitués de bidons plastiques, filets de pêches, tongues, pailles, etc.
Face à ce problème écologique de grande ampleur, tous les acteurs de la société essaient d’apporter des solutions pour freiner cet engrenage et changer nos pratiques de consommation.
Le jeudi 6 juin 2019, au Centre de Documentation d’Ecole d’Economie-CERDI à Clermont-Ferrand, se déroulait le vernissage de l’exposition The Plastic Revolution.
Cette exposition photo a été réalisée avec Victor Béguérie – ancien doctorant du CERDI – qui est membre de l’ONG The Flipflopi basée au Kenya. Cette ONG a pour but de lutter contre la pollution plastique à usage unique, soutenue par les Nations Unies, notamment par le Programme Clean Seas.
En effet, l’exposition retrace l’histoire de cette aventure. De la construction du bateau à partir de 10 tonnes de plastique et 30 000 tongs trouvées sur les plages kényanes. En passant, par la découverte des ateliers proposés aux jeunes, aux citoyens pour les sensibiliser aux déchets plastiques. Cette exposition montre aussi les liens créés durant cette expédition de Lamu au Nord du Kenya jusqu’à Zanzibar.
Le projet du Flipflopi a permis à l’équipe de rencontrer le Président du Kenya Uhuru Kenyatta. Le mercredi 5 juin 2019, le Président kényan a d’ailleurs annoncé l’interdiction des plastiques à usage unique sur les plages, les parcs nationaux, les forêts et les zones de conservation.
Pour prolonger le vernissage de cette exposition, la présentation des missions et valeurs du Flipflopi a été suivie d’une table ronde sur le thème de la gestion des déchets en France et dans les pays en développement.
Pascale Combes Motel – professeure à l’école d’économie-CERDI, nous a présenté avec son regard d’économiste, le défi de la gestion des déchets dans les pays en développement.
Constat d’une pollution de plus en plus importante à l’échelle mondiale.
· 5% des gaz à effet de serre sont liés aux déchets.
· Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 1,6 million de décès évitables chaque année sont dus à une mauvaise gestion des produits chimiques et des déchets.
· Environ 100 millions de tonnes de plastique dans nos mers
La gestion et le traitement des déchets constituent une source de travail dans les pays en voie de développement. Environ 15 millions de personnes du secteur informel travaillent dance ce secteur, il s’agit d’un travail illicite. Les personnes travaillent dans des conditions précaires et sont exposées à des produits chimiques. Les décharges sont à ciel ouvert. Ces travailleurs marchent en moyenne 10 kilomètres par jour, transportent entre 30 à 40 kg de déchets, 16 heures par jour.
Notons également que de nombreuses disparités existent entre des pays en développement : à Harare (Zimbabwe) 100% des déchets sont collectés, alors qu’à Lagos (Nigéria) seulement 10% le sont.
Les causes sont prioritairement l’insuffisance d’infrastructures, et l’absence de politique de traitement et gestion des déchets.
Les solutions possibles peuvent être :
· la création de taxes pigouviennes, c’est-à-dire une taxe payée par le pollueur par unité de pollution produite, égale au coût du dommage environnemental provoqué,
· La création d’une taxe sur les sacs en plastiques (plastic bag tax)
Malgré l’adoption de milliers de traités environnementaux de l’Organisation Mondiale du Commerce, des progrès restent à faire en matière de plastique dans le monde.
Frédérique Bonnemoy – vice-présidente Responsabilité sociétale et environnementale – a mis en lumière la gestion des déchets au sein de l’Université Clermont Auvergne.
Pour rappel, les étudiants de l’UCA représentent 1/7 de la population métropolitaine de Clermont-Ferrand. L’UCA s’étend sur de multiples sites, ce qui rend la gestion d’une politique des déchets assez complexes d’un campus à un autre.
Etats des lieux de la gestion des déchets :
Au niveau des déchets hospitaliers et électroniques, l’UCA a adopté un bon fonctionnement.
Au niveau des déchets ménager et papiers/cartons/emballages, le tri n’est pas toujours respecté.
Le problème viendrait-il de qui tri quoi ? en effet, d’un site à l’autre, il y a des différences. Sur le site de Gergovia et une partie du campus des Cézeaux à Auboère, le tri des déchets est effectué par le personnel interne de l’UCA. Pour le reste des sites universitaires, c’est une entreprise privée qui en a la charge.
Olivier Mezzalira – Directeur général de l’entreprise VALTOM explique la gestion des déchets sur tout le territoire Puydômois.
« Valtom est la collectivité publique en charge de la valorisation et du traitement des déchets ménagers du Puy-de-Dôme et du nord de la Haute-Loire. »
Ses domaines d’action sont la prévention, la valorisation, le transport, le traitement et le stockage des déchets.
Les modes de consommation sont à l’origine des augmentations de déchets dans les foyers auvergnats. Le tri des déchets notamment plastiques n’est pas toujours respecté, il y a souvent de la confusion dans le tri des containers « jaunes », entre emballages, papiers, cartons, bouteilles en plastiques, etc.
Afin de sensibiliser les usagers à un changement dans leur tri des déchets, des réformes sont adoptées pour réglementer la production de déchets par foyer.
Avant cette réforme, la taxe d’ordure ménagère était incluse dans la taxe d’habitation et était la même pour tous les foyers. Désormais, avec la tarification incitative, le paiement de cette taxe d’ordures ménagères se fait en fonction des déchets produits par foyer. Une sanction de malus est appliquée pour le non-respect du tri.
Dorénavant, le déchet doit être considéré comme une ressource. Cet engagement de VALTOM lui a permis d’être labellisé en 2015 « Territoire Zéro Déchet Zéro Gaspillage » par le Ministère de l’Environnement de l’Energie et de la Mer.
L’économie circulaire propose de repenser nos modes de production et de consommation afin d’optimiser l’utilisation des ressources naturelles et ainsi limiter les déchets générés. L’économie circulaire concernent de nombreux secteurs d’activités, c’est pourquoi, tout le monde doit être impliqué dans cette démarche de « zéro déchet », ou du moins de réduction de production de déchets.
Vincent Verney - coordinateur projet Européen H2020 – Terminus – a développé sur les alternatifs aux plastiques et sur les ressources biodégradables, bioressourcées qui existent.
D’un point de vue biologique, chimique, les déchets rejetés dans les mers et océans – en particulier les plastiques - se transforment à long terme en microparticules qui sont mangées les poissons, tortues et autres espèces animales marines. Ces derniers sont ensuite consommés par l’Homme. L’ingestion de ces microparticules sont à l’origine de problèmes de santé, comme les perturbateurs endocriniens.
Vincent Verney rappelle l’importance du tri des déchets, et souligne un besoin de simplification du tri des ordures ménagères, ainsi que la nécessité de l’implication de tous dans cette démarche de gestion saine des déchets.
Le problème est le plastique et sa matière. Pour commencer à changer les choses, il faut repenser la matière plastique. A base de pétrole, il prend énormément de temps à se dégrader et sème des particules nocives pour tout être vivant.
La solution à court terme serait de produire un plastique biosourcé, c’est-à-dire, un objet qui a la capacité d’être recyclable dès sa composition. A ne pas confondre avec le plastique biodégradable.
Un plastique peut-être biosourcé mais pas biodégradable.
Il peut être biosourcé et biodégradable.
Il peut également être biodégradable mais pas biosourcé.
Les plastiques biosourcés sont principalement fabriqués à partir de nombreuses ressources différentes telles que le maïs, le manioc, la pomme de terre, le bois, le coton, les algues…
A noter que les pays en développement prennent conscience de la pollution des déchets plastiques, et adoptent des réformes pour contrôler voire interdire l’entrée de plastique sur leur territoire.
Le plastique est totalement interdit :
- En Inde dans l'Etat du Maharashtra (Bombay) (juin 2018)
- Les Philippines renvoient au Canada des tonnes de déchets plastique (mai 2019)
- La Malaisie renvoie des centaines de tonnes de déchets plastique à leur expéditeur (mai 2019)
- La Chine refuse depuis 2018 l’importation de plastiques et autres déchets qu’elle traitait auparavant.
Les actions menées par l’ONG Flipflopi et les témoignages des différents acteurs de l’économie circulaire confirment le désir de sensibiliser et de changer nos habitudes de consommation et de gestion des déchets. Ce problème mondial reste au cœur de l’actualité.